Le dérailleur

 

Les changements de vitesses sont arrivés très tôt sur les bicyclettes, en tout cas bien avant le « Gran Sport » de CAMPAGNOLO et SHIMANO. Au tout départ, en 1890, la première façon de changer de vitesse consistait à retourner la roue (ce mode primitif resta longtemps en usage chez les coureurs cyclistes), puis apparurent les systèmes à deux plateaux et deux pignons présentant le même nombre total de dents pour avoir une tension de chaîne toujours identique. En effet, sans roue libre, la tension de chaîne doit être respectée, les tandémistes le savent bien avec leur chaîne de liaison. Puis arriva la roue libre vers 1900 et ce fut une floraison de systèmes de changement de vitesses, dont les Rétro-directs. Pour en savoir plus, nous conseillons la lecture de l’ouvrage de Raymond HENRY : « Du vélocipède au dérailleur moderne ».

Dérailleur arrière

C’est en 1895 que nous trouvons la première trace du dérailleur arrière. Son concepteur est Jean LOUBEYRE. En 1908, cinq dérailleurs arrières étaient commercialisés.
Les premiers dérailleurs véritablement commercialisés en grande série furent ceux de la marque LE CHEMINEAU (fondée par Joanny PANNEL) en 1911 à partir du « bricolage » de VELOCIO, et le fameux LE CYCLO (inventé par Albert RAIMOND en 1924). Il est à noter que PANEL et RAIMOND sont tous les deux issus du cercle des amis de VELOCIO et de la société RPF : « RIVOLIER Père & Fils ».
Si le dérailleur est l’œuvre des cyclotouristes, son développement dans le monde de la course n’arriva que beaucoup plus tard. Ce n’est qu’en 1937, que les organisateurs du Tour de France admirent le dérailleur avec un seul modèle homologué (pour sauvegarder l’égalité des chances) : le « Super-Champion » de l’ancien coureur cycliste Oscar Egg.
En 1935, Lucien JUY fabricant de dérailleurs à Dijon depuis 1928, mettait au point le premier système à parallélogramme articulé : le « Super-Simplex ». Puis ce fut le NIVEX, en 1938 qui équipa de nombreuses machines Alex SINGER. Il présentait l’intérêt de pouvoir travailler avec un repos de chaîne permettant de démonter la roue arrière sans à avoir à se salir les doigts avec la chaîne.
En 1949, Tullio CAMPAGNOLO sortit le « Gran Sport ». Dès le début, CAMPAGNOLO se tourna vers le haut de gamme et sut sponsoriser des coureurs célèbres. En 1963, 110 des 130 coureurs du Tour de France utilisaient un « Campa », dont Jacques ANQUETIL, le vainqueur.
En 1956, au Japon Shozabaro SHIMANO sortit son premier dérailleur : une copie du dérailleur SIMPLEX de 1950. Nous connaissons la suite de l’histoire… malheureuse pour l’industrie française.

Dérailleur avant

Pour le dérailleur avant, les premiers cyclistes utilisaient leurs doigts, puis ils eurent recours à une simple tringle.
En 1908, VELOCIO utilisait "une sorte de guide chaîne oscillant qui amenait le brin supérieur de chaîne en face l'une quelconque des trois roues dentées...".
On retrouvera la plupart des marques citées plus haut pour les dérailleurs arrières. Mais il faut noter ici tous les modèles créés spécialement par les constructeurs : Herse, Singer, Routens (un des plus beaux), etc. montèrent leurs propres réalisations.

Comment ça marche ?

Le fonctionnement d'un dérailleur est relativement simple. Mais cela nécessitait le recours à la roue libre et des chaînes présentant une certaine souplesse latérale. Le principe du dérailleur est d'être un guide chaîne qui amène la chaîneen face du pignon ou de la couronne. La chaîne grimpe (ou descend) tout simplement sur la nouvelle denture. Et, ô miracle, la chaîne descend dans le fond des dents pour engraîner le nouveau pignon.

Un dérailleur utilise donc les éléments suivants:- Une fourchette pour le dérailleur avant,
- une chape (ou un train de galet) qui supporte les galets pour le dérailleur arrière,
- deux galets ou deux pignons ou deux "poulies" pour permettre l'enroulement et la tension de chaîne arrière,
- un parallèlogramme déformable (le plus souvent) pour permettre le déplacement latéral de la fourchette ou des galets.

haut de la page

  j. fort 2004